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REFUTATION D'UN SOPHISME TENACE A PROPOS DE L’HYPOTHESE DE L’EGYPTE NEGRE DE CHEIKH ANTA DIOP...

​I-OUVERTURE​

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Force commentateurs prétendent que l'hypothèse de l'Egypte nègre serait toujours et encore en discussion, bien qu'elle ait été formellement démontrée par Cheikh Anta Diop. Ainsi de plusieurs autres hypothèses déjà attestées. La question est alors de savoir à quel moment établit-on qu'une hypothèse est démontrée ? En l'absence de clarification de cette question, la confusion persisterait dans les esprits de ceux qui ne se font pas une idée ferme de ce problème. Nous allons donc instruire sur cette affaire pour lever ambiguïtés et amalgames.

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II-RETOUR SUR L'HYPOTHESE DIOPIENNE DE L'EGYPTE NEGRE.

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1-Préalable méthodologique.​

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26 ans après le décès de Cheikh Anta Diop (1986-2012), il est important de solder cette question en toute sérénité, en s'écartant des préjugés de la recherche coloniale, avec ses arguments téméraires, ses positions fallacieuses et autoritaires sur le passé de l'Afrique, lesquels ont obscurci les sciences d'alors. Et en s'affranchissant du réflexe consistant à transformer la science en dogmes militants, geste qui abaisse la valeur heuristique des travaux et que l'on rencontre aussi bien chez les courants eurocentristes que chez les afrocentristes dont les travaux, pour ne pas être dépourvus d’intérêt, ne pèchent pas moins sur ce point crucial de déficit de neutralité axiologique, et ne peuvent être considérés rigoureusement comme produisant des énoncés scientifiques sur plusieurs de leurs déclarations. Pas davantage ne peut-on y voir des connaissances académiques, c'est-à-dire des connaissances ayant le souci de prouver leurs déclarations, de fournir des preuves matérielles avérées, à défaut de satisfaire rigoureusement au statut de la démonstration...

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2. Le problème et les sources

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(NB) Les sources seront déclinées dans les Cours dispensés au sein du Per Ankh...)

-L'idée d'une Egypte fondée et habitée par des Nègres a naguère

été soutenue par des auteurs anciens, parmi les plus éminents d’entre eux, on cite généralement les sources grecques, avec les penseurs ayant été formés par les prêtres savants : l’historien Thalès de Milet, Anaximandre, Pythagore de Samos, Solon d’Athènes, Hippocrate, Platon, Eudoxe de Cnide, Démocrite d’Abdère, Hérodote d'Halicarnasse, le géographe et historien Hécatée de Milet, le logicien et philosophe Aristote, le géographe Strabon, l’historien Diodore de Sicile, Diogène Laërce... D’autres penseurs grecs latinisés ou jérusalémites ont laissé des textes d’une grande valeur historique : Les philosophes de l’Ecole du néoplatonisme avec ses trois grands Maîtres (Plotin, le fondateur de l’Ecole, Porphyre et Jamblique…). Ainsi de Plutarque de Chéronée, Aetius de Durostorum, Proclus de Byzance, Ammien Marcellin, Flavius Josèphe… Mais dans la discussion qui nous intéresse, l'on a pris l’habitude étrange de négliger indûment ces sources reconnues par ailleurs dans d'autres circonstances par ceux-là mêmes qui les oblitèrent et les tiennent étonnamment comme étant non autorisées, sans pour autant établir en quoi ces dépositions n'avaient pas accédé au statut de science ni satisfait à l'exigence d’historicité. A-t-on voulu faire accroire que la difficulté de cette hypothèse diopienne d’une "Egypte nègre" venait d'une présumée insuffisance de la démonstration ? C'est pourtant le contraire que nous démontrerons dans ce texte, renversant de la sorte l’allégation contraire. Les arguments invoqués étaient pourtant formels, avec des dépositions oculaires, matérielles, fournies par de nombreux témoins directs s'étant eux-mêmes rendus en Egypte et ayant rencontré les Egyptiens et vécu en leur contact. En croisant leurs sources et leurs résultats, qui confirment la présence des penseurs grecs en Egypte, l’on en revient avec Diop à la même conclusion que : l’Egypte à l’origine est une civilisation prodigieuse, avec de grands Maîtres, dont le prestige a attiré le monde savant comme un aimant. C’est à l’origine une invention nègre habitée par des Kémit eux-mêmes.

Citons simplement deux illustres témoins, dont l'historien Hérodote qui a établi formellement que les Colchidiens, les Egyptiens et les Ethiopiens étaient des Nègres, avec des cheveux crépus, pratiquant les premiers dans l'histoire la circoncision, que les Juifs et les Syriens tiennent d'eux, à en croire Hérodote

Puis Diodore de Sicile, de qui nous avons une contribution majeure, laquelle rattache l'Egypte à la Nubie, et authentifie de la sorte la

souche nègre de Ta Mery, pour autant que la Nubie soit indubitablement nègre. La Nubie aurait donc colonisé Kémèt (I), lui aurait enseigné l'essentiel de ses Lois (II), le fait d'honorer les Rois comme étant des Dieux (III) et d'ensevelir les Morts avec faste (IV), il en serait de même de l'écriture hiéroglyphique (V) et de la sculpture (VI), à quoi il convient d'ajouter la science philosophique elle-même, née en Nubie. Diop a crédité ces résultats, au demeurant confirmé par Babacar Sall, le spécialiste de cette question, qui est parvenu aux mêmes conclusions dans sa thèse d’Etat.

Mais toute cette argumentation semble avoir été déniée par l'heuristique dominante (science sociale, égyptologie, philosophie, science, qui la tient pour extérioriste ). Il a fallu attendre les travaux de Diop, pour apporter, de l'intérieur, la démonstration de l'hypothèse de l'Egypte nègre. Point que nous allons maintenant aborder.

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3-Des résultats inespérés, allant au-delà des attentes.

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-Jusqu'ici, les travaux savants avaient comparé l'arabe, de même que l'hébreux à l'ancien égyptien, les résultats qui n'atteignent pas les 15% de la comparaison sont cependant instructifs, logiques : ou que les Hébreux sont un peuple kémite, avec la souche mosaïque, lui-même kémit et disciple d'Akhenaton, après avoir été prêtre du temple de "On" (c'est la conclusion à laquelle parviennent d'ailleurs les auteurs de "Les secrets de l'Exode" (I)... Ou que les Arabes aient été à l'origine un peuple Kémite, avant la souche leucoderme tardive...(II).

-La comparaison de l'égyptien pharaonique et des langues africaines a donné des résultats prodigieux, dans tous les axes : lexicologique (I), grammatical (II), syntaxique (III), logique et conceptuel (IV) puis phonologique (V) - ce dernier niveau étant celui qui autorise la scientificité et la testabilité radicales de la démonstration. Tandis que le comparatisme historique des deux langues met en relief l'historicité et la fiabilité philologique de la comparaison. Les institutions, les termes comme les concepts sont demeurés identiques, en dépit du fait que ces mots ont quatre millénaires côté Egypte ! D'où la cohérence logique de la conclusion diopienne : l'inséparabilité de l'Egypte et de l'Afrique, que la linguistique venait de réunir à nouveau après plusieurs millénaires d'oublis mutuels favorisés par la négrophobie, la propagande, et la "falsification de la vérité".

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III-AUTRES DOMAINES DE TESTABILITE E DE PROUVABILITE DE L'HYPOTHESE DE L'EGYPTE NEGRE...​

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1-J'aurais pu invoquer plusieurs autres champs d'investigation explorés par Diop et par ses continuateurs dans d'autres sciences comme la génétique des populations (I), l'anthropologie physique (II), l'astronomie comparée (III), la numismatique (IV), la plastique, la sculpture et l'architecture comparées (V), l...a biologie moléculaire et la théorie des marqueurs (VI), les fouilles archéologiques et le dépassement de l'hypothèse moniste de la XVIIIème dynastie des Faras Nègres (VI)... Le prélèvement de l'ADN des momies des "pharaons" et la présence de la mélanine (VII)..., la théorie comparée des jeux (VIII), la logique comparée (IX), la densitométrie osseuse, les mesures de l'ostéoporose (X)…

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2- Puis l'extension de la démonstration de la comparaison de l’égyptien pharaonique et des langues africaines : le Wolof avec Diop, le Mbochi avec Obenga, l'ékang avec Biyogo qui ne développe plus seulement l’hypothèse de la parenté génétique, mais celle de la co-appartenance des ces langues, qui constituent des faisceaux d’un noyau linguistique commun, grâce à la philologie historique et comparée, dans Dictionnaire égyptien-Fang-Béti. La co-appartenance de Kémit et d’Ekang . Puis le Peul avec Lam, le Duala avec Ngom, le Bassa avec Oum Ndigui, le Ngala avec Dika Akwa, IV-EN GUISE DE

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IV-CONCLUSION

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1-En somme, une seule hypothèse peut garantir la scientificité d'une proposition, comme ici celle de la parenté génétique de l'égyptien pharaonique et des langues négro-africaines suffit à attester scientifiquement la théorie de l'Egypte nègre, que les auteurs anciens d'Occident ont énoncée sans encore lui fournir la démonstrativité dont elle avait besoin, travail considérable autant que remarquable que la science moderne doit au Shemsu Maât Cheikh Anta Diop, qui en cela, est le triple père de l'égyptologie africaine, des Antiquités Africaines sous condition égypto-nubienne, et de l'épistémologie des sciences humaines par la médiation de l'Egypte. Ces travaux d'Hercule qui recommandent la réconciliation de la philosophie et de la science gagnent à être revisités,

patiemment, lentement, pour ce qu'ils sont, sans rien leur amputer de doctrinal, ni leur en rajouter, si ce n'est le nécessaire réajustement des acquis à l'évolution et aux progrès des sciences qui participe du fameux partage critique de la Raison... Le danger, dans les recherches africaines et afro-américaines, c'est la sous-information, et le fait de mettre en cause des théories et des hypothèses déjà validées, du fait sans doute du déficit d'information dans le domaine de la qualification de l'historicité et de la scientificité des hypothèses.

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2-Or, les Universités africaines, n'enseignant pas Cheikh Anta Diop, ni ferment l'égyptologie africaine, ne connaissant pas l'égyptien pharaonique, ne soupçonnent pas un traître mot des avancées scientifiques entrouvertes par l'édifice diopien. D'où le retard considérable qui est le leur en matière d'heuristique. Or, pour repenser le monde oral, ces recherches gagnent à l'articuler avec le domaine égypto-nubien – auquel j’ajoute pour ma part le domaine arabo-phénicien nègre - pour l'éclairer d'un jour nouveau, et lui conférer cette historicité qui encore, même méthodologiquement, lui fait cruellement défaut. Quant aux travaux de sciences "exactes ", Les acquis diopiens du Laboratoire de carbon 14 de Diop restent encore peu connus aussi bien physique nucléaire qu'en anthropologie physique.

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3-Par ailleurs, l'on peut et l'on doit critiquer rigoureusement le travail diopien, pour l'affranchir de toute forme de monumentalité statique et dogmatique, de laquelle le marxisme s'est étiolé et dogmatisé hier. Nulle pensée ne survit à l'angélisme, à l'angélisation hyperbolique. La critique du diopisme s'impose comme un temps nécessaire et de renouveau du diopisme lui-même, tant les désaccords avec cette oeuvre vont nous ouvrir de nouveaux horizons de pensée. Aussi l'a-t-on dé-servi jusqu'ici, chez les Gardiens du temple, en croyant bien faire de la soustraire aux critues pertinentes internes ou externes.

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4-Il en va de même de la pensée, des institutions politiques, ménétaires, économiques, culturelles et philosophiques de l'Afrique, lesquelles sont invitées à renaître, à se renouveler sans cesse de ce paratage critique sans lequel on les monumentaliserait, et on les déprendrait du mouvement et de la vie (Ankh). Car l'Etat fédéral qui se pense aujourd'hui ne se peut advenir sans cet héritage critique qui seul, impulsera la Tolérance, la solidarité et la grandeur retrouvée par la science et par l'enseignement de la philosophie et de l'histoire.

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5-Pour terminer, notre rapport avec l'Egypte doit également être travaillé par cette transversalité critique et auto-critique, qui éviterait au berceau mondial de la Sia et de la sapience de mourir deux fois. Notre responsabilité est d'instruire la dimension critique, autant que la méthode et la documentation. Repenser Diop à l'aune de ce paradigme de la complexité, de l'autoréflexivité de nos analyses et de nos sites de savoirs et de la de connaissances, par des études logiques, épistémologiques, physiques, mathématque, économétriques et biochimiques est l'horizon qui créera le bond en avant de la recherche africaine qui pourrait dès lors, dépasser les grammaires unilatéralistes du Père Occidental, et le mimétisme heuristique subséquent, dépasser aussi les pos-colonialisme qui énonce la ruse du Même sans différance. Le défi de la pensée est le revenir, ou plutôt la revenance de l'histoire de la pensée vers ce vieux socle égypto-nubien aux aurores boréales encore insuffisamment pensées par nous-mêmes, bien qu'elles s'ouvrent à la pensée comme des impensés.

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Le Shemsu Maât Grégoire Biyogo,​

Ce 12-12-2012 à 12 h 12 mn 12 s.

© Copyright 2013 Catarina Van Daele pour KODMEDIA. Reproduction interdite.

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