
AVEC MARTIN HEIDEGGER OU LA REDECOUVERTE DU MOMENT INAUGURAL ET DU MATIN DE DE LA PHILOSOPHIE ...
Par Grégoire Biyogo, historien de la philosophie et poéticien derridien...​​
​1-Salutations pensantes et chaleureuses à tous les doctes, et plus encore à Boa Thiémélé Ramsès qui est arrivé à la discussion sur Baudelaire que j'ai menée avec mes amis hier après que je sois allé dans les bras de Morphée. J'avais prononcé une Conférence sur Cheikh Anta Diop toute l'après-midi, dans le cadre des 27 ans de la mort du Grand savant africain. C'est vrai que je serais resté si j'avais vu que vous étiez là , j'ai bien aimé votre ouvrage qui justement faisait le rapprochement entre Diop et Nietzsche, c'est une perspective lucide à commenter, puis à approfondir. Mais l'on causera un de ces quatre, ce Mur est devenu un Agora, mieux, un Per Ankh, au sens de la querelle entre Nietzsche et Socrate où le premier tient que le second, n'ayant point écrit, était davantage un plébéin "inculte" a-t-il ajouté. Car pour lui, faute de textes, d'archives et de corpus érudits, point de philosophie ni de science... L'on sait que cette critique de la réduction logocentrique de l'activité philosophique sera reprise par Jacques Derrida avec des arguments autrement plus percutants. Contre cette conception grammatologique du philosopher, l'on trouve la conception socrtico-platonicienne, qui veut que l'on ne réduise pas l'activité philosophique au texte, aux graphes, à l'écriture, celle-ci étant figée, tuant la vitalité du Logos... Ainsi donc, deux traditions s'affrontent-elles ici : d'une part, la tradiition doxographique, qui court de Nieztsche à Derrida, de l'autre la tradition logocentrée, que Platon prétend avoir tirée des prêtres philosophes d'Egypte, laquelle s'interdit de confiner la philosophie à exercice de réthorique, mais dévoilerait l'Etre même en énonçant ses topiques... Il y a donc à trancher, comme on peut gager une solution ambivalente, une posture aporétique, dans tous les cas, il y a là un enjeu philosophique de taille, pour notre époque qui, jamais ne s'est pprononcée sur cette extraordinaire querelle.
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2- Bien cher ami Paul Zahiri, merci d'avoir pointé compendueusement la question dont j'a essayé de clarifier les enjeux avec mes amis hier Nuit au sujet de Charles Baudelaire. En​ effet, il a produit une pensée pensante, une penséée poétisante.
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3- Pour Heidegger, l'auteur de "Sein und Zein", cet Etre aurait été galvaudé, réduit à l'idée avec Platon, d'où la critique du représentationnalisme eidétique de l'Etre. Il tient que Platon est le premier qui ait dévoyé la philosophie en confondant l'Etre...
4-Cette grande affaire heideggérienne a été occultée en Occident, et l'on a préféré donner de la voix aux disputes sur Heidegger et le nazisme, lors même que le philosophe s'y était déjà prononcé philosophiquement, puisqu'il dit que la philosophie sans l'Etre...est condamné à la folie...
5-Ainsi donc, l'auteur de "Etre et temps", va-t-il appeler à la désobstruction de la philosophie, il va recommander de la libérer de l'intérieur de l'instrumentalisation, de toute forme de réduction éidétique avec Platon, logico-formalisante avec Aristote, nouménale avec Kant, conceptuelle avec Hegel, ontique avec les existentialistes, accusés de réduire l'Etre à l'existence, tandis qu'il en est au fondement...D'où la magnifique querelle Sartre contre Heidegger autour de l'humanisme. Pour Sartre, c'est du Néant que procède l'Etre, lequel ne serait pas extérieur à l'existentialité, laquelle précède toute forme d'essentialisme. Pour Heidegger, l'ontologique précède et surpasse en importance l'ontique, sa réduction à l'existentialité est dégradation, corruption, pauvreté...
6-Il invente un nouveau mode de philosopher, avec la penée de la question, celle qui questionne sans cesse, fait tournooyer la question, pour aller à l'Etre, c'est la question de l'Ereignis, la question de l'inquestionnabilité de l'Etre... De la sorte, l'Etre ne se laisse pas penser, ne se laisse pas connaître de manière autoritaire. Heidegger dit qu'il faut "se déshabituer de connaître" de cette façon-là ...
