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MÉDITATION PREMIÈRE SUR LES USAGES GALVAUDES ET ABSURDES DE L''EXISTENCE. De son impossibilité à l'utopie de son irruption par la pensée.

Par Grégoire Biyogo.

1-Qu'emporterons-nous en quittant définitivement ce monde ? Les philosophes et Harpistes aveugles d'Egypte y ont répondu, qui témoignent pour la double vacuité de l'existence et de de la Mort même, oubli des oublis de soi, tas d'atomes liquéfiés...

 

2-Le Logos Absolu qui s'est fait Chair lui-même n'a rien laissé de Matériel sur Terre, si ce n'est son Logos carré, et l'idée inégalable de l'Amour-sacrifice comme condition de l'humanité divinisée et de la divinité humanisée. Non actualisé, cet Amour inconditionnel pour l'Autre nous laisse ici-bas dans l'impossible Communauté, seul le Royaume des Cieux y invite...

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3-Les philosophes existentialistes comme Sartre n'ont retenu que l'idée maîtresse de la Liberté pour déborder la facticité de l'existence, et comme condition de nos sociétés qui, autrement seraient sans sociabilité, ni bonheur, même ponctuel.

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4-Des ontologues comme Martin Heidegger, ayant pris le parti de ne voir dans l'existence que la maison Vide de l'Etre, lequel tout au plus adviendrait dans le dire (dikt) des poètes authentiques (Hölderlin...)... ont renversé la pensé de la mort repensé comme notre horizon même, qui plutôt que de tétaniser notre condition, devrait la galvaniser.

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5-Puis d'autres encore comme Jacques Derrida en ont évacué la terribilité. car, disent-il, nous habitons avec la mort, en son creux, dans la permanence de l'Adieu, qui hâte le travail de l'oeuvre (il nous a légué un héritage de 100 livres...). Il convient donc de déconstruire les fausses certitudes autant que le réflexe de l'achèvement, en le substituant par le geste du différer.

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6-Puis des néo-pragmatistes comme Richard Rorty ne posent la possibilité de l'existence authentique que dans le travail de

Puis des Sages et des penseurs comme Tsira Ndong Ndoutoume, nous ont enseigné que la Mort est inséparable de l'immortalité, dont le secret doit être percé du vivant des Hommes, pour ne point mourir.

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7-Des érudits et savants comme Cheikh Anta Diop ont posé l'existence comme un champ de bataille régulé par le darwinisme, qui exige de ceux qui s'attachent à la liberté de s'armer de connaissances, les leurs, en le libérant du joug de l'aliénation et de la subordination économique et politique. L'existence serait donc toujours déjà semblable à une mort si l'on ne devait pas accomplir en permanence cet Acte de Résistance contre notre propre oubli, notre néantisation par les Autres ou par reproduction mimétique de leur Lois, Résistance et rectification des pseudo-vérités sur soi sont alors les seules choses qui soient dignes de redonner sens à l'existence à travers l'impératif d'auto-invention de soi, et donc de la politique (l'art d'habiter le monde civilisés) et la science, la véritable, sans discrimination subjective et racialiste.

 

8-Lorsque donc on relit ces pensées de l'existence, l'on prend la mesure de la structure chaotique qui la configure, et la donnent comme disent les Ecritures sous le signe de la Grande Prostituée. Si donc la Terre est figurable comme combat des espèces pour leur survie (Darwin), leur adaptabilité (Popper) et leur domination réciproque (Diop), si elle est l'éternelle Prostituée, et si de surcroît les civilisations technologiques ont elles-mêmes ouvert en son centre de gravité, l'inéluctabilité de sa propre Destruction, en combattant la Nature, et en faisant peser l'eschatologie sur leur tête comme l'épée de Damoclès, comment l'habiter ? Comment fructifier le bref séjour qu'il nous est donné de l'habiter lorsqu'on est privé de Monde au sein du Monde ? Comment l'habiter par-delà les réflexes de la Bête qui nous enserre, avec son désir de violence (Nietzsche, Freud), d’asociabilité (Rousseau) ? Comment transformer la Bête en homos civilitas ? Comment re-définir l'existence autrement que par ces habitus actuels : Mensonge, Violence retourné sur l'Autre (Nature, soi et Dieu), langage manqué, dialogue rusé, échange interdit derrière l'utopie mensongère de l'économie-monde ?

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9-Dans mes Nuits d'Exil parisiennes, éloigné de la Terre continentale, et de mon pays natal, burinant dans les vieux livres de sagesses, écrivant sans cesse, méditant avec détachement au jour le jour, de Nuit en Nuit sur la Toile, ma Muse, le sujet de l'existence m'apparaît de plus en plus comme celui que la philosophie gagne à affronter avec vigueur, à questionner sans relâche, sans répit. Non pour en rechercher l'énigme ultime, mais pour en affiner le corps-à-corps, pour redéfinir l'idée même du Monde sur Terre. Que signifie l'idée qu'il y ait du Monde sur Terre si, dans le même temps, ce Monde redoute de faire Monde (la fameuse peur des Autres reste plus grande que l'urgence du partage du destin du Monde), de se constituer comme Monde, avec des valeurs repensées, attachées au Monde, pour le Monde, gageant le risque de son ouverture, de son dialogue, de son échange, de son amitié... L'amitié, n'est-ce pas l'utopie ultime de notre Monde vide de Monde ? De notre Monde ne sacahnt point faire Monde, si du moins comme dit le philosophe et prêtre aveugle Dogon, c'est dans le partage du Logos avec tout ce qui est que le Monde est possible ? L'utopie de ce Monde trans-dialogal est cela qui se tient face à la philosophie comme quête raisonnable d'une impossibilité.

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-A la manière de Diogène cherchant le jour avec sa lampe en plein jour, je cherche le Monde avec ma torche ancienne, en plein Monde... Cernée par une existence galvaudée, réifiée, cernée par son actuelle absence, par le risque permanent de son explosion, et donc par sa cruelle impossibilité, la pensée entend elle, exister, donner droit de Cité, pour inventer le Monde. Mais où trouvera-t-on à nouveau des philosophes acquis à la vérité, à la justice, à

l'exigence du Monde contre le ressassement monologique d'un Monde clos, attaché à créer des Mondes mimétiques, à interdire le Monde, en tant que multiplicité de mondes possibles ouverts et multidirectionnels.

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Paris, le 14 janvier 2012.

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