
POEMES DE FOUDRE...
Elections après élections, l'Histoire s'est répètée, petitement fébrile, paresseusement cynique : toujours banale, avec sa cohorte de machinations, la ruse du Capital, toujours prompt à confisquer nos libertés, à pérenniser l'ordre ancien du monde, prompt à uniformiser les échanges sous régime de domination, à maintenir les vaincus au cachot de la misère, à creuser les écarts entre les régions de la planète, à narguer le rêve d'un autre monde plus juste et plus équilibré... Et là -bas chez les derniers utopistes, les derniers résistants, les derniers progressistes, les dernières combattantes des libertés, l'on entend geindre le même reniflement de colère, le même sursaut d'indignation, la même détresse, les mêmes mains vides, le ventre vide, les fins de mois vides, les Nuits vides, les rêves pétrifiées de hurlements, des silences tétanisés par le spectre d'un avenir avachi... Et vous dites à ma plume de se taire ! De se terrer dans la poussière de la résignation, dans la dépendance sous laquelle ce peuple-mien gémit depuis 1450, jusqu'à 1885, depuis la ségrégation de Harlem jusqu'à l'Apartheid, depuis la Coloniale jusqu'au Parti unique, puis le gel des Conférences Nationales transmuées en Génocides, l'effet vertige de ce Printemps arabe à jamais confisqué...Et voici ce peuple-mien qui geint couvert de linceul, ramassant chaque jour des morts sans visage ni procès. Des morts qui ne comptent pas... Des morts sans mémoire. Dites-moi ! Comment pourrais-je me taire lorsque, à l'horizon, l'Histoire ourdit les mêmes complots, les mêmes condamnations de nos hérauts, les mêmes musellements, la même suffocation devant mes Terres désengorgées de richesse, la même marginalisation, la même exclusion tous azimuts... Non vous ne briserez point cette voix qui gronde comme un volcan et qui crache des brumes laiteuses, la voix venue du Nil, la voix venue du Sahara, la voix venue de l'Ogooué, la voix venue d'Odzambogha, la voix venue du Brasier de l'Eternel... Non vous ne briserez point cette harpe de foudre qui porte des visions Le Temps de la pensée est là , dans le manque d'être le temps de la pensée est là , dans l'Exclusion absolue le temps de la pensée est là , dans l'obstruction radicale le temps des penseurs est là , dans la non-pensée pour la dés-obstruction des dogmatismes froids et la fondation d'un autre monde...
