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L'AFRIQUE A L’ÉPREUVE DE LA POLITIQUE-MONDE : L’IMPÉRATIF DES QUATRE PYLÔNES DE LA STABILITÉ CONTINENTALE...

Introduction au multilatéralisme normatif.

En toute chose, gageons d'abord lucidité, analyse stratégique (préservation des intérêts internes) et mesure. Car jamais obscurité, ingéniosité et démesure n'ont su guider les peuples ni les continents exclus de la compétitivité du Capital néo-libéral autrement que sous le signe de la servitude... La question que j'entends pointer ici est celle de la politique, c'est-à-dire cette science froide qui enseigne les voies rationnelles pour conduire les peuples à conquérir (ou à se maintenir dans) la souveraineté (I), la prospérité économique (II), l'unité politique confédérale qui débouchera sur la désignation d'un Gouvernement fédéral (III) la sécurité territoriale (IV) - sans laquelle ces pylônes sont difficilement réalisables.

D'où la nécessité de mettre en épochè, d'annuler dirais-je, toute forme d'analyse spontanée, simplificatrice, tout point de vue relevant du seul court terme, de l'immédiateté, de l'indignation paresseuse, qui ne procèdent pas encore comme chacun sait de la compréhension politique "stricto sensu" des phénomènes. La distance et la froideur pourraient être les premiers pas en la matière, en voguant au mieux contre les slogans et les stéréotypes de la presse idéologique anti-africaine, contre ce vieil afro-pessimisme essentialiste qui tient que rien de neuf ne peut advenir en Afrique... ou même le dogme symétrique de l'afro-optimisme avec son inertie. Tout ceci, le XXI ème siècle exige de lui substituer une tout autre forme de lecture, fondée à la fois sur l'expertise documentée, chiffrée, économétrique, et sur l'analyse géo-stratégique et politologique. Et sur un nouveau mode économique, diplomatique et politique multisectoriel et normatif. Seules les normes sont objets de coopération et de développement endogènes.

D'autant que, l'économie-monde, en raison de la grande inversion des relations internationales (endettement colossal des pays du Nord, faillite, taux de chômage exorbitants, baisse considérable du niveau de vie des Citoyens d'une part et de l'autre, performance économique échues aux PNI, montée en puissance de la Chine, de l'Inde...) va créer une plus grande dépendance des anciennes puissances coloniales à l'égard des Etats de l'Afrique encore plus riches potentiellement aujourd'hui, en dépit du pillage enduré depuis les années 1960... pour ne m'en tenir qu'à la chronologie courte (embellie annoncée en réserves pétrolières et minières des Pays du Golfe de Guinée, richesses minières de la Cuvette des Kongo, réserves importantes des pays du Sahel, les réserves colossales de l'Afrique en en bois, en foresterie, en énergie de toute sorte...). Les exemples des deux Guerres contre la Côte d'Ivoire et la Libye, la percée de la Guinée Equatoriale, du Ghana, la démarcation de l'Afrique du Sud, la tangente du Nigéria, et en un sens de l'Algérie... sont là pour expliquer toute la difficulté qu'il y a à s'affranchir du vieil ordre international régulé par des échanges invariablement déséquilibrés et unilatéraux.

L'avenir de l'Afrique, du fait de cette inversion historique spectaculaire récente des choses, est de devenir ENCORE PLUS le théâtre des conflits et des tensions orchestrés et programmés par les "Grandes puissances" pour surmonter leurs déficits multi-sectoriels...et contrôler ces nouveaux Eldorado pétroliers...

Aussi faut-il perdre l'innocence d'attendre des organismes internationaux un arbitrage objectif et moins encore désintéressé des conflits mondiaux, notamment dans le schéma Nord-Sud... Et espérer que les Amis de l'Afrique auraient intérêt à la voir devenir souveraine, prospère et militairement indépendante.

La Réforme unique, le seul référent qui y autorise, c'est l'unité du continent, comme ferment des trois autres pylônes. Celle-ci ne peut au demeurant se refaire en l'état, en misant sur la reproduction des grands blocs économiques et politiques existants actuellement. Cette unité

continentale naîtra par le changement des objectifs, du mode de coopération et de gouvernance multilatérale, et sur le changement d'état d'esprit des peuples et des nouvelles élites révolutionnaires dirigeantes, lesquelles gagnent aujourd'hui à être ajustées au paradigme pan-africaniste. Les anciennes élites révolutionnaires africaines d'après-Guerre ont obtenu les "indépendances" sans pouvoir garantir les quatre niveaux révolutionnaires pointés par ce texte (souveraineté politique, prospérité économique, indépendance militaire et unité panafricaine). Les élites révolutionnaires qui leur ont succédé sont restées prisonnières du paradoxe de la politique africaine (continent immensément riche, immensément pauvre, dépourvu des quatre pylônes de la stabilité dont parle ce texte. Or, il convient d'aller plus loin, d'infléchir les Relations internationales, de les plier autrement, en insistant sur la singularité de la place de l'Afrique et la nécessité d'une autre économie politique des échanges.

© Copyright 2013 Catarina Van Daele pour KODMEDIA. Reproduction interdite.

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