
INTRODUCTION A LA DECOUVERTE DU MONOTHEISME PAR LE FARA AKHENATONA
Soumis par La Redaction le ven, 04/13/2012 - 02:55
1-Le monothéisme est la doctrine qui affirme l’existence d’un Dieu unique, absolu, non représentable, infiniment saint, infiniment juste, infiniment uni à la vérité et à l’éternité elle-même. Un Dieu qui a toujours été, et qui est sans fin. Un Dieu donné par son serviteur (Hem) comme l’unique créateur et l’unique Maître de l’Univers :
« L’Univers est venu à l’existence sur ta main ».
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2-Il est donc l’Auteur de l’œuvre faramineuse de la création entière dont il porte autant le souffle que la lumière (Shou). Le Dieu ici est identifié à la Substance de laquelle procède toute chose et sans laquelle rien n’est. Cette conception apparaît pour la première fois dans l’Histoire en 3300 avant notre ère, avec le Shemsu Maât Akhenatona, dans un texte fulgurant, articulé autour de deux séquences : Le Grand Hymne à Atona et Le Petit Hymne à Atona, daté de 3 300 ans. Le premier texte, notamment ce qu’il nous en est resté, a été gravé en 13 colonnes sur l ‘embrasure de la porte de la tombe de l’énigmatique Aÿ à Tell El-Amarna, en Moyenne Égypte. Miracle des miracles, il a été recueilli juste avant sa destruction partielle en 1890 après la mise a sac de l’héritage spirituel du Fils du soleil (Sa Rê) Akhenatona par les Amoniens, fort heureusement copié par l’égyptologue Buriant à la fin du 19e siècle, et publié au Caire en 1884.
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3-C’est ce Dieu du Per aa aux rayons (Setout) dans le corps qui donne sens à toute chose, Dieu qui est tour à tour hypostase de la vérité, de la justice, de la lumière et de la vie s’énonce sous la notion d’Aton (Itn), nous dirons ici d’Atona - Dieu qui donne la vie et dont le retrait au monde retire tout sens, toute signification aux êtres et aux choses. Le Grand Hymne à Atona, daté du quatrième millénaire avant notre ère préfigure déjà 5000 ans avant le thème hölderlinien du deuil irrémissible du monde après la mise à mort du logos descendu sur Terre par suite du détournement du visage du Père :
« Mais parce que tu es parti, plus aucun des êtres n’existe, que tu as créé ».
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4-C’est en effet en l'an V de son règne que, inspiré de l’Atona lui-même, l’enfant terrible d’Egypte, le Fara Amenhotep IV, encore appelé Amenphis IV de son nom de naissance, va s’employer à servir l’Absolu, à se dévouer à sa Cause. Et donc à donner une tout autre direction à l’histoire d’Egypte elle-même. Le Nouvel Empire, en l’occurrence la XVIII ème dynastie donnera de la sorte son empreinte à l’Histoire d’Egypte à travers la Révolution solaire du Fara, poète solaire, prophète et philosophe, lequel va commencer par opérer l’Acte liminaire de la Révélation : quitter la demeure de départ, la Terre d’origine, celle de la naissance, abandonner le lieu d’habitation initial (Thèbes) et marcher vers un autre destin, vers une autre Terre plus disposée à accueillir la Révélation de la Nouvelle foi (Akhetaton). Ainsi en est-il de tous les prophètes que de quitter la Terre qui les a vus naître pour marcher jusqu’au lieu saint que leur révèle le Très Haut lui-même. Car le Fara est enfant du soleil, Seigneur du Double Pays. C’est celui qui reçoit la révélation et vit selon cette vérité.
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« Fils de Râ, vivant de vérité, Seigneur des couronnes, Akhnaton ».
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Pour imperceptible que paraisse l’Atona, sa vérité est secrète, faite de mystère (Sesheta) qui siège dans le cœur (Ab, Ib) de son prophète, à qui il a été réservé seul le privilège de le connaître, d’entrer en contact avec lui, de recevoir sa Lumière et de la propager à tous. Car il est de part en part constitutif de l’Atona :
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« De tous ceux que tu as créé, nul ne te voie
Tu demeures cependant dans mon cœur
Il n’y en a point d’autres qui te connaisse
Excepté ton fils, devenir et lumière de Râ »
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5-Le jeune Fara va donc quitter tour à tour Thèbes et Memphis pour se diriger, conduit par l’Atona lui-même, vers le fameux territoire de l’ignition de Tell El-Amarna, identifié comme le point précis et parfait de l'Univers où le soleil se lève dans toute sa splendeur. C’est l’Est gnostique. Dans les Medw netjer, l’on dit Abet pour désigner le lieu où se lève le soleil, à l’Orient. Je signale que dans la langue ékang (fang/beti/bulu/étone…), le verbe se lever, monter, au sujet de l’astre solaire se dit aussi Abet, en indiquant parfaitement la courbe de gravitation de l’Aton que les Ekang désignent par le même mot…
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6-C’est là qu’il va décider de fonder une ville nouvelle, sa ville sainte, Akhetaton que l’on traduit par " L'Horizon d'Atona " au sens de la Demeure céleste et prédestinée de l’Atona. C’est donc là qu’il va ordonner de transférer sa cour et son gouvernement. C’est aussi là , et cela est parfaitement logique, qu’il va commettre l’acte le plus révolutionnaire de sa transmutation lorsqu’il entreprendra de changer de nom et recevra désormais celui autrement plus symbolique et plus spirituel qui se décline en Akhenaton que l’on peut traduire par "Celui qui est utile à l’Atona ", ou encore « Celui qui suit et qui sert l’Atona », ou plus précisément : «Celui qui vit dans la Lumière éternelle de l’Atona ». Cet Atona-là témoigne le Hem avec allégresse et vision est Unique, l’Unique même, incomparable et absolu :
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« O Dieu unique qui n’a point d’autre dieu au-dessus de lui ».
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On comprend que l'existence des autres dieux soit officiellement mise entre parenthèse par le Fara solaire, parce que en « trop ». Aussi – FAIT
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INAUGURAL -n’auront-ils plus le statut de « Dieux », puisque de Dieu, il ne peut en avoir, en Raison, qu’un seul, l’Un, subsumant toute multiplicité, l’incorporant, et la néantisant, et dont tout ce qui a été créé par lui porte au demeurant le souffle (Shout). Le Messager (Oupouty) de l’Aton peut alors écrire :
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«Tu donnes le souffle pour vivifier chacune de tes créatures
​Lorsqu’elle sort du sein pour respirer au jour de sa naissance »
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Les dieux ne deviendront plus que des principes, des hypostases. Pour acter cette révélation qui va subjuguer le Fara inspiré et grand musicien (Tekhen) solaire, Akhenatona, il ordonnera que tout sanctuaire (Zekhem) consacré à ces autres dieux fût définitivement fermé et les noms des Netjerou sont systématiquement effacés, leurs cultes bannis, et cela avec une ampleur jamais encore égalée dans l’Histoire de Kamita, puisque l’opération de sanctification et de destruction de l’idolâtrie va s’étendre jusqu’à l’ensemble du pays. Et c’est cela le dessein du Fara que l’Egypte entière - et, à la vérité, l’humanité elle-même - soit en adoration pure devant le seul Atona, non représentable, indicible comme le Logos d’Héraclite, entendu comme l’Unique lumineux en face de quI la Totalité (Djer) se prosterne :
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« Et leur bras sont en adoration à ton lever »
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7-Les monuments (Menou) où étaient gravés les noms des dieux vont donc être fermés, mis en flammes (Neser) : c’est la négation la plus radicale, la destruction systématique du polythéisme, en vue de renforcer l’affirmation de l’Unique, de la substance incréée, l’étang de l’ignition, qui régule les ondulations fabuleuses de l’Etant. Et pour appuyer l’intentionnalité de cet Acte d’instauration du premier Monothéisme dans l’Histoire, le Fara prend soin de supprimer littéralement le terme hiéroglyphique « Netjerou » - les « dieux » -, d’autant plus qu’il n’y a au ciel qu’un seul Dieu, rayonnant de splendeur, de vitalité et de justice. Son Etre surplombe toute possibilité d’un autre Dieu. C’est l’Atona, désormais, qui est jugé seul, éblouissant, à l’origine de l’Univers et de tout ce qui est, de tous les étants, tandis que lui-même demeure sans origine :
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« Tu te lèves beau dans l’horizon du Ciel
Disque solaire vivant, qui vis depuis l'origine ».
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Précisons que, contrairement à une lecture inexacte d’un grand
nombre d’égyptologues, jamais auparavant une telle réforme n’avait été intentée en Egypte, où le Démiurge Atoum toujours émanait du Noun, duquel tout procédait. Dans toutes les quatre cosmologies égyptiennes, dans tous les textes anciens de Kamet, c’est du Noun - substance de possibles non encore constitués, actualisés - que procèdent graduellement les quatre éléments (eau, air, feu, terre), puis le mouvement, le devenir (Kheper), la vie elle-même (Ankh), le Démiurge, les dieux (les principes). Tout ce qui est provient du Noun, lorsque celui-ci est lui-même sans commencement ni fin, mais est toujours déjà . Ici, le Noun s’autorisait le principe de l’oséité ontologique, d’autoconstitution, et d’autoréférentiabilité. Laquelle oséité échoit à Dieu seul avec le Fara Akhenatona. Ici, c’est l’Atona qui a donné vie à toute chose, car il est lui-même la Lumière et la Vie qui se propagent en tout être, selon le cycle du lever et du coucher du soleil. L’Atona est la Vie elle-même de laquelle procède l’Existence :
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« L’Univers est venu à l’existence sur ta main, comme tu l’as créé
Te lèves-tu, il vit
Te couches-tu, il meurt
Tu es la durée de la vie elle-même
On vit de toi »
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C’est donc pour asseoir sa doctrine monothéiste que le Fara Akhenatona va composer ses deux hymnes grandioses, pierre angulaire du monothéisme et de toutes les trois Religions dites « du Livre ». Tout commence par l’idée de la prépondérance de la Beauté, indissociable de la pureté. Avec Akhenaton, la caractérologie de Dieu s’ouvre avec le trait d’une Beauté solennelle, qui subjugue toute chose et qui n’a point de limite mais la répand en toute chose et en tout lieu :
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« Tu resplendis dans l’horizon de l’Est
Tu as rempli tout pays de ta beauté ».
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Ailleurs, il est précisé que l’Univers entier contemple sa beauté, laquelle le façonne, le fait vivre. Conception esthétique et
ontologique du Dieu atonien.
Son autorité n’a point d’égal, sa splendeur est apérité, sa puissance surpasse toute intelligence. De même sa luminosité est-t-elle inscrite sur tous les visages, proposition toute levinassienne, déjà présente dans L’Hymne à Aton, 3300 ans avant notre ère ! Nous portons le divin sur nos visages :
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« Tu es sur le visage des hommes »
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C’est que ce Dieu qui étincelle de beauté traverse tous les étants, les vitalise et les déborde, la lumière est son essence. Il rayonne sur tout ce qui est et l’ensoleille. D’où la fameuse proposition biologique et optique que l’on relève sous la plume (Shout) de l’auteur de cet Hymne : La lumière est l’essence de la vie :
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« Tu es beau, tu es grand, étincelant, tu t’élèves au-dessus de tout l’univers
Tes rayons embrassent les pays jusqu’aux confins de ta création »
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Les mots de l’égyptologue Grandet, traducteur entre autres du texte imparfaitement dénommé « Livre des Morts » et des deux Hymnes, sont assez justes au sujet du caractère exceptionnel de ces textes :
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« Destinés à être récités ou psalmodiés lors du culte dans les temples d'Amarna, ils traitent successivement du cycle quotidien du Soleil et de la Révélation du dieu à son " fils " Akhenaton. Deux siècles avant l'époque où la tradition situe l'existence de Moïse, trois siècles avant que les Hébreux ne commencent à fixer par écrit les textes de la Bible, ces hymnes d'une inspiration élevée et d'une facture remarquable sont la première manifestation d'une pensée monothéiste. »
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POUR NE PAS CONCLURE…
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La vérité ne peut être longtemps silencieuse (Ger). Elle ne peut demeurer de toute éternité dans la Nuit (Gereh). Elle porte le fruit de incorruptibilité comme le corps remembré de Wsiré, et ne peut être définitivement occultée par le Temps (Nou) .
Quelque soit la durée de la Nuit, la lumière du jour jaillira toujours et l’on assistera au lever du jour (Hedji).
L’on a salué naguère la divine splendeur de la Thora des Hébreux, puis la Bible des Chrétiens et le Coran des Musulmans. Mais comme on a péché contre la vérité, en ne s’employant pas à rendre justice au peuple qui le premier sur Terre a reçu la Lumière du Soleil, l’a propagée au reste de l’humanité, lorsque la postérité (Setyt) n’a pas bu depuis à sa source millénaire pour élaborer Religions, livres de sagesses, institutions et sciences…
Ce peuple-là a cherché à comprendre et à connaître l’Etre unique, immuable, identique, absolu et éternel qui était recouvert de cette Lumière. Ce peuple, c’est celui de Kémita, au moins 3300 ans avant notre ère. Ce que nous lui devons, à ce peuple kemita, cette dette qu’il importe de restituer aujourd’hui, c’est la découverte du monothéisme, par le Fara Akhenatona.
Le Fara Akhenatona a créé le monothéisme, et Moïse, qui a étudié dans le Per Ankh d’Akhénatona a hérité de sa science, la reproduisant parfois jusqu’à en taire les sources premières. Mais en épousant la Kémite Cephora, et en recevant le terme de son initiation chez le prêtre kémita Jethro, Moïse va prolonger la révélation de son Maître jusqu’à élaborer le Pentateuque, et les Tables de la Loi dont on sait toute la consubstantialité d’avec le Code des vertus de la Maât. Il va créer la Religion de l’Adonaï, qui montre la splendeur de la foi des prophètes et promet la Terre sainte au peuple de l’Exode.
Puis l’Atona lui-même, comme préfiguré à Kémita, sera le Logos atonien, lequel va descendre sur Terre, se briser pour la rédemption de l’humanité, trahi par la figure de Seth, qui capture Osiris, et le met à mort. Mais le divin amour d’Isis pour Osiris le ressuscite d’entre les Morts et permet la procréation d’Horus, lequel combattra son oncle Seth, meurtrier de son père - aidé de sa Mère – et reprendra le Trône (Neset) du défunt qui, lui-même siège dans l’Eternité, à la droite de Râ. Ce schéma trinitaire est la semence de Kémita. Wsiré, le Grand Juge rayonne, le Justicier de l’Univers, le Rédempteur, règne dans l’Amenti, préside au Jugement dernier, avec la Maât, principe de l’ordre, de la justice et de la vérité…lors de la pesée des cœurs
(Psychostasie).
Ce schéma trinitaire a été repris et absolutisé par la Religion messianique du Christ, dont la figure historique Jésus, était préfigurée dans le sein de Maria, femme Kémite, figure du Père transmué en Esprit lumineux et miséricordieux, qui va révéler l’Amour absolu de l’Atona/Adona et s’offrir avec la plus haute abnégation et l’amour le plus absolu pour la rédemption de la Création et de ses Créatures. Le Logos qui est descendu sur Terre remporte le combat contre la mort, contre le péché, et remontant vers sa céleste Demeure, ouvre la porte du Ciel à tous, en répandant ‘Esprit, il trône désormais à la droite de l’Atona-Adonaï Ankh. Se propage dans l’univers entier comme Esprit de consolation.
Enfin la marche de l’Amour de l’Atona dans son énigmaticité s’ouvre vers l’Arabie nègre, et se concentre sur Mohammed, dont la mère Kémite était une élue, il consacre l’idée de progressivité du long cheminement de la Révélation, unifie la Religion du Livre autour des « gens du Livre », et invite à la recherche universelle de l’Allah, sous l’emblème d’une nouvelle fraternité.
Ainsi donc, historiquement, les Kémites reçoivent la Révélation monothéiste par le Fara Akhenatona, le fils de l’Aton, initié lui-même au rite solaire. Puis le Kémite Mose, initié en Egypte même dans le Per Ankh du Fara, va élaborer la Loi, Puis Iésoua et sa Mère Kémite Maria, initié en Egypte pendant la période d’Exil de la sainte famille, entre 12 ans et 29 ans, et par Muhammad et sa Mère Kémite, Amina. Bintou (fille de) Wahbin, lui aussi initié en Egypte pendant son Exil.​
Ainsi donc, la Révélation monothéiste a-t-elle une Terre historique : la Terre d’Egypte, un peuple, le peuple Kémit, un horizon : Akhetaton. L’Histoire ne pouvait plus longtemps ignorer cette vérité car, comme disent les textes et les prophéties de Kémita : ceux qui sont partis eux-mêmes, du fond de leurs tombes, les justifiés (Iakiou), du fond de la Douat, et l’Atona lui-même, commandent que cette vérité se répandent maintenant sur toute la surface de la Terre, avant que, comme disent les Textes, n’advienne le Grand jugement de Christ-Wsiré. Et la seconde venue, la seconde montée du corps de​
Iousa - et ses saints - au firmament (Khabas).​
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Signature:​
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PAR GREGOIRE BIYOGO, FONDATEUR ET DIRECTEUR DE L’INSTITUT CHEIKH ANTA DIOP (ICAD). Professeur d’épistémologie de la recherche, de poétique et d’histoire de la philosophie (Laboratoire de Logiques contemporaines de Paris VIII).
