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RÉFLEXION ET RELECTURE DE LA SERVITUDE DE L'AFRIQUE A LA LUMIÈRE DE LA BIBLE - ET DES RELIGIONS DU LIVRE. ESSAI DE DÉPASSEMENT D'UNE CRISE MÉTAPHYSIQUE FORCENÉE.

Professeur Grégoire Biyogo, philosophe, politologue, égyptologue.

​I-Ouverture.​

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Nous avons déjà établi les origines kémites - et précisément akhénatoniennes - des Religions du Livre. Ce sont donc nos propres Livres que la Thora, la Bible et le Coran, en dépit des falsifications historiques et de l'instrumentalisation grossière dont ils ont été l'objet, lesquelles doivent être critiquées légitimement à ce titre, puisqu'elles ont produit deux monstres : la Traite arabo-musulmane et trans-saharienne et la Traite négrière européo-chrétienne et transatlantique. Ce débat peut se prolonger ça et là, pour ceux qui n'auraient ni la documentation autorisée ni les résultats informés de ces discussions. Mais pour les autres, c'est-à-dire ceux qui font office de théoriciens, et qui font office de penser, et non pas des commentateurs, des répétiteurs serviles et donc de vulgarisateurs de pensée, il s'agit maintenant d'aller plus loin, bien plus loin que ces débats dépassés et d'arrière-garde, en faisant un usage autrement plus dynamique et politique de la Religion. En cela, il faut souligner que Marx lui-même s'est lourdement trompé en ravalant la Religion au rôle infâme d'opium du peuple, lors même qu'elle constitue le moteur de la foi des peuples et de leurs convictions les plus indéniables.

Mais ceux qui ont reçu la Révélation doivent-ils continuer de vivre hors du fruit de cette Révélation et des connaissances prodigieuses qu'elle comporte ? La Religion, la vraie, a une fonction éminemment historique et politique. Dieu le premier a quitté le Ciel pour dévoiler à l'Histoire son visage, et se faire Histoire, fût-ce par un Acte tragique, car la réduction de l'Absolu à la finitude est toujours déjà tragique. Que les Hommes n'aient pas reconnu le Père céleste atteste de l'état d'ignorance et d'aveuglement des peuples vivant sans lire les Lettres carrées, et sans Parole de justice et de vérité. Lorsque nous établissons par exemple que Kémites et Arabes sont à l'origine unis à partir de Hagar la princesse kémite et d’Abraham, nous partons des Livres dits "Révélés" pour orchestrer une lecture/Action politique d'unité arabo-kémite. Nous en faisons autant à l'égard des Kémites et des Phéniciens, pour l'unité kémito-phénicienne. D'où notre grand attachement au troisième foyer des Antiquités africaines, après le foyer pré-dynastique et celui égypto-nubien développé par Cheikh Anta Diop : le foyer arabique et phénicien kémite que nous élaborons pour notre part, dans le cadre de nos investigations, s'y essaie également, l'Institut Shabazz. Les Livres anciens portent une Parole de vérité, insufflée par le divin Logos, et invitée à être éclairée par la Raison humaine autant que par l'Esprit lui-même pour en déchiffrer la quintessence. Les Esprits faibles ont ignoré les Religions du Livre, les Esprits hésitants les ont minorées, les autres plus sordides, s'en sont réclamés sans en vivre les énoncés. Mais les savants véritables en ont un connaissance profonde, politique, économique et heuristique. Et sans doute céleste, pour autant qu'ils

en aient l'intelligence et le génie des Grandes oeuvres puissamment renouvelés. Puissamment illuminés.

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​II-Le problème de la Domination étrangère​

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Le Peuple de Dieu a toujours vécu sous la domination des Forces étrangères, dès lors qu'il venait à s'écarter des voies de Dieu. Ce serait-là une Loi divine imparable. Mais quelles sont ces voies ? La justice, la vérité, la liberté, l'attachement inconditionnel au Très Haut et l'amour du prochain, porté jusqu'au sacrifice de soi, selon la figure christique, qui en cela a vaincu la mort. Chaque fois que le peuple de Dieu s'est prosterné devant de faux dieux venus d'Ailleurs, des dogmes obscurs, avec leurs idoles et leur volonté de puissance, Dieu lui a souvent symétriquement tourné le dos, et le peuple est tombé fatalement en servitude et a eu pour Maîtres des Barbares, des Marchands. Et l'Abomination suprême, c'est déjà-là dans le fait de devoir servir un peuple idolâtre, dominateur, n'ayant que mépris pour Dieu et sa justice, sa vérité, et qui règne par la Force sur les peuples Endogènes. Plutôt que servir Dieu, ce peuple sert des hommes assoiffés de pouvoir, de richesses et de Terres. Là aussi se dissimule un second mystère. Il est dans la volonté de Dieu que les choses soient ainsi faites qu'un Etranger ou un pouvoir étranger vienne dominer le peuple de Dieu, ici par punition. En s'adonnant aux joies de ce monde, en idolâtrant le Monde et ses passions, ses vins, ses vices, et en détestant le divin Logos, le peuple est en proie aux vicissitudes du Monde, avec ses errements, sa brutalité, son réflexe de domination, son pouvoir aveugle. Précisément pour qu'il cesse d'idolâtrer le Monde avec ses désirs éphémères et ses impostures. Le peuple de Dieu qui est sorti du Plan de Dieu vit sous le joug du Monde et de ses représentants, symbolisés par la Force cruelle et aveugle, l'Exclusion des Autochtones, l'instinct de domination, d'humiliation et l'instinct athanathéique (celui de la mort)...

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​III-La solution : le nouveau pari des héritiers des Religions du Livre​

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Les Écritures donnent une réponse étonnante seulement en apparence pour mettre un terme à la sujétion étrangère. Et l'on peut en sourire, lorsque pourtant sa pensée semble parfaitement cohérente : vivre en se conformant aux préceptes divins, se repentir et s'éloigner des mauvaises voies en lesquelles on s'était durablement installé. Et revenir à une vie plutôt juste, attachée à la liberté et à la vérité. De la sorte, le Cycle de la Lumière et de la fécondation revient, celui de la sortie au jour, qui se déploie hors de toute sujétion et de toute domination historique des Étrangers. Ainsi de 2012, au sujet de l'Afrique, qui pourrait être l'An de la fin de la servitude du Continent. A condition de quitter les chemins de la corruption, le chemin de Malheur où l'on se vautre dans les vices...

Alors pourquoi ne parierions-nous pas sur cette solution qui, vraisemblablement est issue du Père céleste lui-même, proclamée et mise en

oeuvre par le Fils, et répandue par l'Esprit ? "Mon peuple périt faute de connaissance" et de vision aime à répéter l'Atona, l'Adonaï. Une génération ne connaissant pas les Écritures et ne les vivant pas connaîtra le joug extérieur, et ne jouira ni de ses richesses, ni de son travail, ni de ses Terres, et découvrira guère les libertés fondamentales, ni le caractère sacré de tout ce qui est, de toute vie, de toute présence. A l'inverse une élite qui se constitue et qui replace Dieu au coeur de l'existence et de son engagement est invitée à accomplir le saut vertigineux vers la libération.

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​IV-Conclusion​

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Ainsi donc, nous ne disons pas de cesser de travailler, d'étudier, de former les élites et d'être formés, de réfléchir, mais appelons les nouvelles élites panafricaines à se donner une grande Mission, là où les générations antérieures ont échoué : spiritualiser la Révolution, et faire entrer à nouveau Dieu dans la Réforme radicale entamée, en produisant des Enseignants attachés à Dieu, des Enseignants atteints durablement par la justice, la liberté et la vérité... Et des Militants comme des peuples déterminés à détruire le vieil ordre dominateur du Monde et le Vieil homme en eux. Car le règne du vieil ordre Mondial correspond à celui d'une humanité restée idolâtre, dominatrice, totalitaire. Et c'est à la fois ce règne de jungle et cette domination rétrograde qu'il convient de détruire, de dépasser, de ruiner, en faisant entrer les divins versets (souffle de Dieu) dans nos coeur (Ib) et notre condition de damnation.

C'est en vain que nous combattrons la servitude sans le Logos solaire divin, lequel est précisément celui qui tétanise l'ordre iséfetien, l'ordre chaotique du Malin. Le recours dynamique, politique et économique aux Religions du Livre en en oblitère la dimension affabulatoire pour galvaniser l'intelligence de l'unité et de la solidarité, le Génie de l'Action pensée en vue d'une pratique intelligible de la Révolution, l'auto-dépassement de soi par le travail, l'extension des échanges sur des bases homéastatiques, équilibrées, la destruction du vieil ordre international (VOI) au profit de l'invention d'une Nouvel ordre International et normatif (NOIN) de réglementation des échanges et de la coopération multilatérale.

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Paris, Nuit de jeudi 22 Décembre 2011.

© Copyright 2013 Catarina Van Daele pour KODMEDIA. Reproduction interdite.

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