​II- QU'EST-CE QUE ETRE AFRICAIN ?​

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1- On est africain légalement, lorsque l'on se rattache par les liens du droit (la nationalité) à un Etat du continent africain. L'on peut naître en Afrique sans être Africain, mais si l'on fait acte de demander à prendre la nationalité de l'un des Etats africains et que cela est autorisé, on devient africain, non par la naissance, mais par la naturalisation.

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2- Dans ce premier cas, le droit confère...e le statut d'Africain. Or, il peut arriver que dans ce même continent, des personnes n'ayant aucun acte d'attestation légale, aucune pièce d'identité soient cependant considérées comme des Africains. C'est le cas des Pygmées, du seul fait de leur lien de coappartenance aux Terres, aux Forêts, aux Eaux, comme aux Airs qui, même si légalement sont réglémentés et appartiennent aux Etats, n'en sont pas moins pour eux, leur propriété, puisqu'ils sont considérés comme des aborigènes, comme les dépositaires de ces éléments naturels, auxquelles ils prêtent toujours la présence des Esprits. Ainsi donc, ces domaines sont-ils sacrés pour eux... Ils en détiennent la mémoire, en connaissent les noms propres, les significations originelles, les usages, ils en ont science, ce sont les "Seigneurs de la Forêt"... C'est ne sont pas seulement les droits du sang et du sol qui les autorisent à être Africains, mais la posture qui est la leur, celle de connaître en profondeur la Nature et l'ensemble des êtres et des choses, de ce continent. Ce sont les Gardiens du Sens, demeurés incorruptibles, en dépit de la fascination du monde industriel, et du fétichisme de la marchandise. Ils sont les amis des entités cosmiques.

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3- Outre le critère légal, et celui culturel et civilisationnel, il y en a un autre pour rendre compte avec rigueur du statut d'Africain : la conscience historique, politique, économique de l'Afrique. On dira ainsi qu'un tel personnage, a été un Grand Africain, sans appartenir territorialement à l'Afrique. Sa connaissance de l'histoire politique, géophysique, institutionnelle, économique, culturelle et spirituelle du continent lui confère le statut d'Africain. C'est un ami de l'Afrique...

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4- Le dernier critère d'appartenance au statut d'Africain est un critère "in abstracto". Le fait de connaître la pensée philosophique africaine, des origines à nos jours, confère à lui seul ce fait. Car, l'histoire de la pensée philosophique s'identifie à l'histoire de l'Esprit des peuples, dans ce qu'ils ont de plus profond, de plus élevé. Connaître cet Esprit c'est s'identifier à lui.

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5- En somme, être Africain procède d'un acte légal, civilisationnel, d'un fait de conscience, et de totalisation de la pensée philosophique telle qu'elle s'est déroulée des origines à nos jours en Afrique. Pourtant, l'on peut être Africain, sans être Kémit, mais le Kémit est l'Africain authentique. Mais penchons-nous sur la définition de ce mot.

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II- KEMIT

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Ce terme, dans les débats scientifiques et philosophiques actuels de l'élite intellectuelle du continent-Mère de l'humanité et de ses Descendants vivant en Diaspora, a fini par désigner les Noirs du monde entier, mais les Noirs instruits à leur Histoire, à leurs sciences, à leur philosophie, étudiant particulièrement l'Egypte ancienne qui portait originellement les noms de Kémèt, Kémit désignant les Habitants de la Terre Noire, la Terre Brûlée, les fils du Soleil, les enfants du Nil, du Noun, les Barques de la Douat, les savants lecteurs des Medu Netjer... Ces bâtons divins qui distinguent le vrai du faux... la Terre aimée (Ta Mery), la Terre des dieux (Ta Netjerou)...

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1- En l'absence d'un Etat fédéral, qui conférerait la nationalité continentale aux Kémits et les identifierait comme tels, on ne peut dire des Noirs originaires d'Afrique vivant hors d'Afrique, en Diaspora, ayant pris des nationalités "étrangères", du fait de la contingence de l'Histoire, et n'ayant encore pris aucune nationalité dans les Etats africains postcoloniaux, pour l'essentiel encore sous dépendance, sous servitude, lorsque ce n'est pas sous auto-servitude. Or, cela est une aberration, car on le sait, ils sont enfants de l'Histoire du Monde Noir, et donc enfants de toutes les Terres, de tous les pays habités par les Noirs.

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2- En attendant donc la création de l'Etat fédéral, c'est-à-dire les Etats Unis d'Afrique, les savants de ce continent, en s'inspirant de l'appellation de la Terre savante d'Egypte, Kémit, laquelle a inventé les mathématiques, la philosophie, la chimie, le droit formel, les sciences médicales et astronomiques... ont retravaillé sa compréhension, pour y voir l'ensemble des Noirs cultivés du Monde entier, étudiant les humanités classiques des Antiquités nègres égypto-nubiennes (à côté du foyer prédynastique, et du foyer arabique et phénicien nègre, avec lesquels ces Antiquités forment une triangulation).

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3- Les Kémits sont aussi la conscience aiguë du destin du Monde noir, la conscience tragique du fait d'être Noir, effectuant sans cesse des investigations sur la situation des Noirs dans l'Histoire (exclusion économique, politique, industrielle, et géostratégique), et sur la nécessité de se ré-appartenir en renversant la servitude qui les affecte et en recommençant du tout au tout leur Histoire, l'Histoire (en l'amputant des bases faussées, aliénées et de surexploitation odieuse des Etats postcoloniaux, en ruinant la Mal-coopération entre les Etats, la falsification de l'enseignement de l'Histoire, les Malentendus galvaudant le Vivre-ensemble planétaire).

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4- Les Kémits, en l'absence de l'Etat fédéral sur le continent ne se reconnaissent pas dans la situation d'exclusion et d'auto-exclusionactuelle de l'Afrique, ils ne se reconnaissent pas dans les Etats inféodés au Dominium des Etats extérieurs, ou dans la coopération impériale actuelle. Ils sont des esprits cultivés, érudits, croyant en un Dieu unique, non représentable, maître de l'Univers et de tous les êtres humains, celui qui a été pensé par Akhenaton, et qui s'est révélé à lui. Et que par la suite Moïse le Kémit fera connaître aux Hébreux qui comme on le sait, furent d'abord des Nègres, et le sont encore, à l'heure où j'écris. Dieu que Mohammed le Kémit par sa Mère Abyssinienne, a fait connaître à l'Arabie nègre, Dieu incarnée en Christ comme Wasirê, le Grand juge assis sur le Trône.

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5- Les Kémits ne peuvent pas être racistes, ce sont les Fils Aînés de la Terre, tous les peuples procèdent d'eux, lesquels sont leurs enfants, leurs frères. Ils aspirent en cela à la fraternité humaine. Ils combattent l'injustice, l'exploitation de l'homme par l'homme, le vivre-ensemble impérial actuel, fondé sur la domination, l'exclusion, le racisme, la hiérarchisation des peuples, des Etats, le bannissement de Kémit au Conseil de Sécurité de l'Onu, la violence autorisée des pays ayant la Bombe nucléaire sur le reste du Monde... Ils respectent la Femme, l'élément féminin, la gémellité, l'harmonie de la science et de la Nature, l'équilibre de l'économie et de la NATURE. Ils respectent la Norme, la vérité, la justice, la liberté, ce sont les enfants de la Maât. En somme Kémit, dans l'esprit de l'inventeur de cette nouvelle signification, dans mon esprit je veux dire, désigne la Totalité intelligible, le mouvement révolutionnaire de l'esprit, porte vers la construction d’un état fédéral, d’un monde plus pacifique et plus instruit, plus tolérant et attentif à la norme, et à l'équilibre de tous ses pôles de développement. L'Afrique actuelle n'est pas Kémit, mais privée de libertés, d'inventions, de puissance de l'esprit. Les Kémits sont libertés, en Liberté, en invention permanente des libertés.

 

III- A MEDITER AU BURIN DE LA CONSCIENCE ET DE LA RAISON...

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1- L'OMBRE DE SOI

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Les Kémits disent que l'Afrique, amputée de l'Egypte pharaonique, n'est pas encore elle-même, mais son ombre, son non-être. Elle est sans Kémèt (Egypte antique) Aliénation suprême. Or, les Universités d'Afrique ignorent encore Kémèt, les Universitaires d'Afrique, les institutions actuelles, elles sont post-colonialisées, connaissant la Grèce, l'Europe, mais point vraiment les Antiquités savantes d'Afrique, en l'occurrence le berceau de la Renaissance nègre et de l'humanité savante : le foyer égypto-nubien. Ceci ne hiérarchise point, mais décrit un état de méconnaissance de soi, de servitude volontaire, d'ignorance féroce, dont il convient que l'Afrique actuelle, dans ses quatre sphères méridionales, orientale, estivale, centrale et australe, se débarrasse rapidement...

Car, de la même façon que science sans conscience n'est que ruine de l'âme, de même, l'Afrique sans ses humanités savantes n'est que caricature d'elle-même, oubli de ce qu'elle a été et impuissance de ce qu'elle peut encore être... C'est cet état d'impuissance que les savants kémits, les savants diopiens, combattent, pour lui substituer la Renaissance savante...

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2- A MEDITER POUR QUE L'AFRIQUE SORTE DE SA LONGUE SOMNOLENCE

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L'Afrique gagne à prendre le Taureau par les cornes ! En retournant à elle-même, en abandonnant la modalité du "ne pas être", de la relégation à sa propre caricature... Elle gagne à s'appartenir à nouveau, car, comme a su le voir Fukuyama, sans confiance de soi, guère de saut économique. Le Japon illustre parfaitement cela, ainsi que la Chine. C'est en cessant de somnoler, en sortant de son aliénation actuelle qu'elle va recommencer à se regarder elle-même, donc aussi apprendre à perdre sa première vue, avec un regard qui regardait pour ne pas voir. Un regard qu'on lui a appris, et qui a désappris tout son être. Un regard qui ne regardait point à soi, mais toujours superficiel, dilué, galvaudé. C'est seulement après avoir perdu la vue qu’elle recommencera à voir : il lui faut désapprendre ce qu'elle a appris et qui n'est pas elle, il lui faut recommencer à apprendre, le soi, le pour soi, l'en soi... Il lui faut redevenir, il lui faut revenir : la revanche est son essence.

 

Le Shemsu Maât Grégoire Biyogo.

 

NB- Le Shemsu Maât, POUR L'HISTOIRE DES IDEES, POUR LA PROPRIETE INTECTUELLE, POUR LA POSTERITE : L'USAGE DU MOT KEMIT COMME TOTALITE INTELLIGIBLE DU MONDE NOIR CULTIVE ET ETUDIANT L'EGYPTE ANCIENNE CONSCIENCE REFLECHISSANTE DE SOI, RAPPELLE QUE CELA EST SON INVENTION, DATÉE DE NOTRE PREMIER LIVRE ÉCRIT EN 1996, AU COOLOQUE INTERNATIONAL CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR, ET PUBLIE EN 1998, AUX SOURCES EGYPTIENNES DU SAVOIR.